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L'ostéopathie, du XIXème siècle à nos jours

Les concepts ostéopathiques sont nées au 19ème siècle aux Etats unis. Andrew Taylor Still, un médecin méthodiste les a mis au point après la guerre de Sécession . Cet article relate l'histoire de l'ostéopathie de la naissance de l'idée par Still, au différents courant ostéopathiques observables à notre époque :

 

Andrew Taylor Still

La guerre de sécession

En février 1861, peu avant l’investiture de Lincoln, sept états du Sud font sécession et fondent les États confédérés d’Amérique, dotés d’une constitution, avec à leur tête Jefferson

Davis. La guerre entre les états confédérés et le reste de l’Union devient inéluctable et

éclate le 12 avril 1861. Still s’engage chez les fédéraux. Il joue un rôle actif tout au long de la

guerre, comme combattant mais également comme médecin et chirurgien.

Il assiste, souvent impuissant, à la mort de nombreux soldats, pas toujours pour faits de guerre : «Pendant la guerre de Sécession, les plus grands ennemis du soldat ne furent pas les

blessures de guerre, mais la maladie et l’infection. Les chiffres concernant les morts des régiments du Kansas reflètent la crise médicale nationale : 1 000 hommes du Kansas moururent

au combat ou des suites de blessures contractées au combat ; 2 106 hommes moururent de

maladie. Au sein des forces de l’Union, sur les 286 chirurgiens qui moururent pendant la

guerre, 231 moururent de maladie. Bien que la mauvaise hygiène ait indubitablement contribué à l’extension de la maladie, la poursuite de la pratique de la médecine héroïque et particulièrement l’utilisation du calomel n’aida pas à renforcer la constitution du soldat

malade. »

Il est également désespéré par le peu de moyens dont il dispose pour soigner : « En parlant de

l’armée, laissez moi vous dire que j’ai servi en tant que chirurgien sous les ordres de Fremont et que je sais de quoi je parle lorsque je dis que l’équipement de la trousse du chirurgien était complet lorsqu’elle contenait du calomel, de la quinine, du whisky, de l’opium, des

chiffons et un scalpel. Si un patient avait un pied dans la tombe, et un demi-litre de whisky

dans une bouteille, le docteur devait travailler aussi dur pour faire sortir le whisky de la bouteille que pour maintenir le pied hors de la tombe. »

L’après-guerre et le grand tournant  :

Démobilisé, il constate avec stupéfaction que dans les régions où les médecins sont plus rares, la mortalité infantile est moins forte

 

 "Au cours de la guerre civile, j’avais remarqué que dans les parties du Missouri et du Kansas où les docteurs avaient cessé d’exercer, les enfants ne mouraient pas. "

En 1865 quatre membres de sa famille meurent au cours d’une épidémie de méningite cérébro-spinale. Au-delà de sa souffrance personnelle, il est traumatisé par l’incapacité des médecins à sauver ses enfants. « C’est lorsque je me tenais là, regardant fixement trois membres de ma famille – deux de mes propres enfants et un enfant que nous avions adopté –, tous morts de la méningite cérébro-spinale que je me posai les sérieuses questions "Avec la maladie Dieu a-t-il abandonné l’homme dans un monde d’incertitude ?’ »

Il pense abandonner la médecine, mais finalement, cette épreuve sera pour lui un puissant stimulant dans sa quête vers une autre médecine.

En 1874, A.T. Still rompt avec l’orthodoxie et se concentre sur sa nouvelle approche basée sur des techniques manuelles avec pour principe qu’en relançant la mobilité d’un os, on lui redonne sa fonction. C’est pourquoi, A.T. Still a donné le nom d’ « ostéo » (os) « pathie » (maladie) à son approche ; un os, un ligament, un muscle sans mouvement est une porte ouverte à la maladie…

En 1917, un élève de A.T. Still d’origine écossais, John Martin Little John (1865-1947) fonde à Londres la « British school of osteopathy ». Cette école est à l’origine de tout un courant ostéopathique européen. Tout en respectant l’œuvre de A.T. Still, J.M. Little John va développer les relations existant entre les différents niveaux de la colonne vertébrale et les organes du corps (approche viscérale) ainsi que l’adaptation de l’homme à la verticalité.

L’ostéopathe William Garner Sutherland (1873-1954), quant à lui, va être à l’origine de l’approche crânienne. En effet, il va repérer au niveau des os du crâne un micro mouvement ondulatoire que l’on appelle « Mécanisme Respiratoire Primaire » présent dans tous les tissus du corps et assurant de fait une continuité fonctionnelle entre le crâne et le bassin.

Aujourd’hui encore, son approche laisse perplexe certains. Pourtant, ceux qui la pratiquent ont pu développer un sens du toucher hors du commun  (la notion d’ « attention », d’ « écoute » et d’  « intention » des tissus prend toute sa valeur dans cette technique) car c’est cette approche utilisant la puissance interne du système vivant qui permet de comprendre et de résoudre de nombreux problèmes plus complexes (migraines, troubles de l’humeur, fatigue chronique…) notamment chez le bébé et le jeune enfant.

 

 «  Le mouvement est la forme d’existence de la matière »… (Engels)

Deux approches diamétralement opposées sont nées, l'approche mécaniste héritiaire de la pensée iatro-mécaniste ( pensés cartésienne) de LittleJohn, et l'approche crânniene issue de la pensé vitaliste de Sutherland. De nos jours, les écoles françaises tentent de concilier ces deux approches, mais force est de constater que ces deux visions sont difficilement conciliables dans un traitement global, le praticien finira naturellement par aller vers l'un ou l'autre. Pour ma part, après avoir exercé durant mes premières années en ostéopathie mécaniste, j'ai lentement pris la direction de l'ostéopathie fonctionnelle issue de la pensée vitaliste.

J.M LittleJohn
W.G Sutherland

De nos jours, si vous consultez un ostéopathe structurel puis un ostéopathe fonctionnel vous pourrez vous demander s'ils exercent le même métier. Mais bien que tout les différencie en apparance, derroère ces différences on retrouve toujours les concepts inculqués par A.T Still au XIXème siècle. C'est à dire avant tout une médecine sans poison où seules les mains sont nos outils, où la vision global du patient est primordiale afin de rétablir l'homéostasie non pas là où se trouve la douleur mais là d'où vient la douleur.

"Les manipulations structurelles et fonctionnelles sont toujours de bonnes nouvelles pour un tissu en souffrance, si elles sont en accord avec la loi de l'équilibre "

Quelque soit l'ostéopathe, il ne traite pas une douleur, mais bien un être vivant dans son ensemble. 

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