Olivier SAINT LOT
OSTEOPATHE D.O
HYPNOTHERAPEUTE - Spécialisé en Prise en Charge de la Douleur
Quel est la place de l'ostéopathie dans le traitement des Troubles musculo squelettique?
Se traduisant principalement par des douleurs et une limitation des mouvements articulaires plus ou moins importante, les TMS sont avant tout dues à une souffrance des tissus conjonctifs. Que ce soit par une contraction répétée d'un muscle ou d'un groupe musculaire, ou à contrario par une contraction statique comme dans le cas de travail sédentaire, le résultat est toujours le même.
Le muscle souffre, la contraction de celui ci écrase les vaisseaux sanguins et diminue ainsi l'apport en oxygène des tissus en aval. S'en résulte une douleur par déficit d'oxygénation (ou ischémie) et une accumulation d'acide lactique. De plus, sous le muscle se trouve l'articulation, responsable de la mobilité passive mais qui a également un rôle de "pompe" pour le système vasculaire. Lorsque l'articulation perd en mobilité, nous entrons alors dans un cercle vicieux dans lequel le muscle contracté diminue la mobilité articulaire, cette dernière étant bloquée le muscle va se mettre en situation de protection envers elle et la bloque encore plus...
Redonner de la mobilité articulaire
C'est le rôle principal de l'ostéopathe. Avant toute chose, lorsque votre ostéopathe vous "manipule" quelque soit la technicité, il cherche avant tout à redonner du mouvement au corps. A restaurer la mobilité de vos articulations. C'est le delta et l'omega de tout traitement ostéopathique, mais c'est encore plus vrai dans le cas des traitement de TMS car comme nous l'avons vu, ces derniers se traduisent essentiellement par des douleurs et une limitation des mouvements articulaires.
Le Traitement Ostéopathie Général (TOG) ou "Ajustement du corps"
Ces technicité nous venant d'outre manche mise en place par John Wernham, est un enchainement de techniques rotatives, suivant une certaine routine et basée sur le rythme inhérent du corps du patient ( règle des trois "R") . Personnellement j'ai beaucoup étudié et pratiqué cette technique lors de mon mémoire de fin d'étude. Celui ci portant sur "les Effets de TOG sur les TMS liés au stress psychologique", j'ai pu observé son efficacité sur de nombreux patients.
Le but de l'ajustement du corps est de redonner de l'information aux différents capteurs articulaires tendineux et musculaires, certains répondant à la pression, d'autres aux étirements et d'autres encore réagissant au positionnement en début ou en fin d'amplitude articulaire. Ces techniques articulaires vont ainsi recréer l'alternance de compression - décompression au niveau du cartilage des articulations, elles redonnent l'information proprioceptive nécessaire aux chaines musculaires et articulaires, et rééquilibrent les lignes de gravité et les pivots ostéopathiques. Elles libèrent les adhérences myofaciales et relancent l'homéostasie du corps. Le TOG va donc agir sur la structure en redonnant du mouvement et de la mobilité. Le tonus musculaire doit retrouver son état de disponibilité par le biais de techniques d'apaisement, par la sensation de bien-être véhiculé par le TOG : les manœuvres de traction-poussée du membre inférieur vont stimuler l'axe hypothalamo-hypophysaire, entraînant une production d'endorphine pour inhiber les sites de prostaglandines. En traitant le rachis cervical par une légère traction, on met en tension la base du crâne et on stimule l'hypophyse : il y aura production de mélatonine, l'hormone de jouvence.
De plus, le TOG n'est pas seulement une technique pour améliorer la souplesse, la mobilité et la verticalité, c'est avant tout une technique globale qui va ramener le corps vers l'homéostasie. Nous verrons des améliorations dans la vie de tous les jours. Les manœuvres redonnant de l’énergie aux patients, elles améliorent les hypertendus et les fatigués. Nous reviendrons sur cette technique dans un autre article traitant de l'apport de l'ostéopathie chez les personnes stressées.
Retrouver l'équilibre
Notre corps est un système composé d'équilibres complexes, entre les différentes structures qui le composent. A la fois souple et solide, mobile et robuste, notre corps est capable de se stabiliser mécaniquement par le jeu des forces de compressions et de tensions qui se répartissent entre ses différents éléments.
C'est ce que l'architecte Richard Buckminster Fuller nomme, le principe de tenségrité. Un système de ce type est par nature auto-équilibré. Ainsi l'accroissement de la tension sur un des éléments est transmis à tous les autres, y compris les plus éloignés. Et le déséquilibre aussi mineur soit il d'un élément aura des conséquence sur l'ensemble de la stabilité du corps.
Voilà donc ce que nous allons chercher lors dune séance d'ostéopathie. Que ce soit par l'histoire des différents traumatismes (fractures, entorses, opérations...) ou par l'étude des gestes et postures que vous adoptez quotidiennement, nous tacherons de mettre en lumière les déséquilibres responsables de compressions articulaires, de blocages, et donc par conséquent de tensions musculaires. Ceux ci ayant comme corollaire, l'apparition de troubles musculo squelettiques.
Maquette en tenségrité de K. Snelson, composée de tiges en compressions et de câbles en tensions
Redonner souplesse et equilibre au système Cranio- sacré
Ce système est composé :
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du crâne, en tant que structure osseuse et articulée ( 22 os qui sont touts articulés les un avec les autres via des sutures plus ou moins souples)
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Du bassin, et plus particulièrement dans ce cas, du sacrum
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Des membranes de tensions réciproques, la plus "emblématique" étant la "dure mère", qui tapisse la face interne des os du crâne et des vertèbres jusqu'au bassin. Et qui à donc un rôle primordial dans le système crânio sacré.
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La mobilité du système nerveux central, celui ci ayant un mouvement d'extension - rétraction issu de sa formation embryologique
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Et enfin le MRP, ou mouvement respiratoire primaire, mouvement cher aux ostéopathes qui peut s'observer sur l'ensemble du corps mais que nous utilisons surtout au niveau crânien afin de diagnostiquer le bon fonctionnement de ce système, et qui en théorie serait l'émanation du mouvement du liquide céphalo rachidien.
Bien qu'il fasse parti intégrante du système tensègre que forme l'ensemble du corps, le travail sur le système crânio sacré est un travail qui mérite qu'on s'y attarde. Car il est parfois déconcertant pour une personne qui n'en n'a jamais fait l'experience. En effet, lors de cette partie du traitement, l'ostéopathe a une posture beaucoup moins active, que lors des deux actions précédentes. Les sensations sont beaucoup plus profondes et il va agir sur différentes "strates" et notamment sur les cinq cités précédemment.
Dans un premier temps nous allons faire un diagnostic des éventuelles déséquilibres crâniens car comme pour les reste du corps, le crâne subit des phénomènes de compressions et de tension qui influent sur sa mécanique. Néanmoins, on ne mobilise pas une articulation crânienne comme on le fait sur une épaule, les mouvements sont très fins et très subtiles, et surtout ils sont très doux. Comme pour le reste de ce travail, notre but est alors de suivre et d'accompagner les tissus vers leurs état d'équilibre.
Nous travaillerons ensuite si besoin sur les tensions de la dure mère. En effet, tendue entre le crâne et elle sacrum elle joue par rapport aux vertèbres le même rôle que le fil d'un collier de perle . Si ce fil est trop serré, c'est l'ensemble du collier qui se rigidifie, les vertèbres étant représentées pas les perles, on comprend aisément que c'est toute les colonne qui en pâtit.
Ce travail est extrêmement important dans le traitement des TMS notamment quand leur apparitions sont corrélées à des phénomènes de stress. Le travail crânien aura alors de multiples intérêt. Il va joué sur les tension des tissus, celle ci étant inhérente au stress (d'où peut être l'expression "être tendu"). Mais surtout il aura un action sur le système nerveux central, en modifiant la balance "système nerveux sympathique / système nerveux parasympathique, au profit de ce dernier (cf article "Stress VS Système nerveux"), Enfin, l'action sur les membranes de tensions réciproques aura une action sur ce que nous appelons le "fulcrum de Sutherland" celui ci étant en étroite relation avec l'hypophyse, très impliquée elle même dans le processus physiologique du stress.
Par ces trois axes de traitement on comprend mieux le rôle de l'ostéopathe dans le traitement des TMS. Nous avons une action complète sur les différentes étiologies engendrant les douleurs.
En revanche, dans le vaste sujet que représente la santé au travail, l'ostéopathe n'est qu'un maillon de le chaine, il ne peut se substituer à une observation globale de l'environnement de travail pour tout ce qui est douleurs liées aux postures (ordinateurs, ergonomie des poste de travail...), ni à une prise en charge psychologique pour ce qui est de l'accompagnement des personnes sujettes au stress.